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« C’étoit, interrompit Partridge, le nom de la femme de Socrate. »

« Cette Xantippe, répéta le solitaire, lui donna deux fils, dont j’étois le plus jeune. Il avoit dessein de nous procurer à l’un et à l’autre une bonne éducation ; mais mon frère aîné qui, malheureusement pour lui, étoit le favori de ma mère, ne voulut rien apprendre : de sorte qu’après qu’il eut passé, sans presque aucun fruit, cinq ou six ans à l’école, mon père, averti par son maître de l’inutilité d’un plus long essai, céda au désir qu’avoit ma mère de le retirer des mains de son tyran (c’est ainsi qu’elle appeloit l’honnête instituteur). Il corrigeoit pourtant l’enfant beaucoup moins que sa paresse ne le méritoit, mais beaucoup plus, à ce qu’il semble, que le petit mutin ne le trouvoit bon. Celui-ci se plaignoit sans cesse à sa mère de la sévérité avec laquelle on le traitoit, et elle ne manquoit jamais de lui donner raison. »

« Oui, oui, s’écria Partridge. J’ai connu de ces mères-là. Moi qui vous parle, j’ai eu souvent à souffrir de leur foiblesse et de leur injustice. De pareilles mères ne mériteroient pas moins le fouet que leurs enfants. »

Jones gronda le pédagogue d’avoir interrompu le vieillard, qui continua en ces termes :

« Mon frère, alors âgé de quinze ans, dit adieu aux livres, et ne songea plus qu’à son chien et à