mais ils ne sont point fondés. Vous n’avez auprès de vous que des amis. Égarés pendant la nuit, mourant de froid, nous avons pris la liberté de nous réchauffer à votre feu. Au moment où nous allions continuer notre route, nous avons entendu vos cris, et la Providence elle-même semble nous avoir envoyés à votre secours.
— C’est bien en effet la Providence, dit le vieillard, si la chose est ainsi.
— Elle est ainsi, je vous le jure, répondit Jones. Voici votre sabre. Je ne m’en suis servi que pour votre défense, et je le remets entre vos mains. »
Le vieillard prit son sabre teint du sang des brigands, fixa pendant quelques moments ses regards sur Jones, puis poussant un soupir : « Pardonnez-moi, jeune homme, s’écria-t-il, je n’ai pas toujours été d’un caractère soupçonneux, et je hais l’ingratitude.
— Remerciez donc, dit Jones, cette Providence, à laquelle vous êtes redevable de votre salut. Quant à moi, je n’ai rempli qu’un simple devoir d’humanité. J’ai fait pour vous, ce que j’aurois fait pour tout autre, dans les mêmes circonstances.
— Laissez-moi vous considérer un peu plus long-temps, s’écria le vieillard. Vous êtes donc une créature humaine ! oui, je commence à le croire. Allons, entrez, je vous prie, dans ma cabane. C’est bien à vous que je dois la vie. »