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— Ô mon bon monsieur, ils ne le sont pas, je vous assure. De grace, messieurs, ne nous tuez pas ; » car elle avoit à peu près la même opinion de ceux du dedans que de ceux du dehors.

Jones, au lieu de s’amuser à lui répondre, se saisit d’un vieux sabre suspendu à la muraille, et vola au secours du solitaire. Il le trouva luttant contre deux scélérats, et prêt à succomber sous leurs coups. Notre héros ne perdit pas le temps en paroles, il tomba sur eux si vigoureusement avec son sabre, qu’il les força bientôt de lâcher prise. Les brigands, sans oser lui tenir tête, tournèrent les talons et se sauvèrent. Jones satisfait d’avoir délivré le vieillard, ne chercha point à les poursuivre. Il crut d’ailleurs la chose inutile, en les entendant crier dans leur fuite, avec d’horribles blasphèmes, qu’ils étoient des hommes morts.

Il s’empressa de relever le vieillard, qui avoit été renversé dans le combat, et lui témoigna la crainte qu’il n’eût reçu quelque blessure.

Le solitaire le regardant d’un air étonné : « Non, monsieur, non, lui dit-il, j’ai très-peu de mal, je vous remercie ; le ciel ait pitié de moi.

— Je vois, monsieur, répondit Jones, que vous croyez avoir quelque chose à redouter, de la part même de ceux qui ont eu le bonheur de vous sauver la vie. Je ne saurois blâmer vos soupçons,