Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/298

Cette page a été validée par deux contributeurs.

même ne savoit que penser de ce qu’il voyoit ; car la chambre où on les avoit introduits, outre la beauté de son ameublement, contenoit un grand nombre de curiosités dignes de fixer l’attention d’un amateur.

Tandis qu’il admiroit ces objets, et que Partridge trembloit de tous ses membres, dans la ferme conviction qu’il étoit chez une sorcière, la vieille leur dit : « J’espère, messieurs, que vous ne tarderez point à partir. J’attends mon maître de moment en moment, et je ne voudrois pas, pour le double de ce que vous m’avez donné, qu’il vous trouvât ici.

— Vous avez donc un maître ? lui dit Jones. Effectivement, bonne femme, j’étois surpris, excusez-moi, de voir tant de belles choses en votre possession.

— Ah, répondit-elle, si j’en possédois seulement la vingtième partie, je m’estimerois bien riche ; mais je vous en supplie, monsieur, ne restez pas plus long-temps. Mon maître peut arriver d’une minute à l’autre.

— Quoi ! vous feroit-il un crime d’un acte de charité aussi simple ?

— Oh monsieur, reprit la vieille, c’est un homme étrange que mon maître, un homme qui n’a pas son pareil dans le monde. Il ne hante personne, il ne sort guère que la nuit, de crainte d’être