un argument que Jones n’employa pas en vain. Ce fut la promesse d’une demi-couronne, amorce irrésistible pour une créature de cette espèce, à qui, d’ailleurs, les manières affables de Jones et son agréable figure, alors éclairée par la lune, ôtoient la crainte qu’elle avoit d’abord conçue, que les deux étrangers ne fussent des voleurs. Elle consentit enfin à les laisser entrer dans la maison, où Partridge, à sa grande joie, trouva un bon feu.
Le pauvre diable fut à peine réchauffé, que ses visions accoutumées recommencèrent à lui troubler le cerveau. Il n’ajoutoit pas plus de foi au décalogue, qu’aux chimères de la sorcellerie ; et l’on ne sauroit imaginer une figure plus propre à les réaliser, que la vieille qu’il avoit devant les yeux. C’étoit le vrai portrait de la sorcière si bien peinte par Otway, dans sa tragédie de l’Orpheline, une femme qui, sous le règne de Jacques Ier, eût été condamnée, sur sa mine, à être pendue, sans aucune forme de procès.
Plusieurs circonstances contribuoient à entretenir la superstition de Partridge : l’aspect de cette femme qui vivoit seule, en apparence, dans un lieu si désert ; celui d’une maison dont l’extérieur sembloit beaucoup trop bon pour elle, et qui étoit meublée intérieurement avec une propreté et une élégance surprenantes. Jones lui-