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tendre ici. Je ne manquerai pas de te rejoindre dans une heure.

— Pardonnez-moi, monsieur, j’ai résolu de vous suivre partout où vous irez. » Le pauvre homme n’osoit demeurer seul. C’étoit à tous égards un franc poltron ; mais il ne craignoit rien tant que les esprits, auxquels il faut avouer que l’heure de la nuit et la solitude du lieu sembloient convenir merveilleusement.

En cet instant, Partridge découvrit à travers des arbres, une foible lumière qui paraissoit peu éloignée. « Monsieur ! s’écria-t-il transporté de joie, le ciel exauce enfin mes prières. Voici une maison ; c’est peut-être une auberge. Par pitié pour moi, monsieur, et pour vous-même, ne méprisez pas ce bienfait de la Providence, et dirigeons-nous vers cette lumière. Que la maison soit une hôtellerie, ou non, si ce sont des chrétiens qui l’habitent, ils seront touchés de notre malheureuse situation, et ne nous refuseront pas un asile. »

Jones céda aux instances de Partridge, et tous deux se hâtèrent de gagner l’endroit d’où partoit la lumière. Ils arrivèrent bientôt à la porte d’une maison, ou si l’on veut, d’une chaumière ; car l’un et l’autre nom convenoit également bien à cette habitation. Jones frappa plusieurs coups auxquels on ne répondit pas. Partridge, qui avoit