tion de ce brusque changement. Non content d’accuser, sans ménagement, les femmes d’inconstance et de légèreté, il se persuada qu’il devoit l’impolitesse de mistress Whitefield à sa qualité de piéton, et qu’elle lui auroit fait un tout autre accueil, s’il étoit arrivé avec des chevaux, espèce d’animaux qui, ne salissant point de draps, passent dans les auberges pour mieux payer leurs lits que leurs cavaliers, et y sont, par cette raison, toujours bien reçus. C’étoit une erreur. L’aimable hôtesse pensoit plus noblement. Elle étoit très-bien élevée, et incapable de manquer d’égards à un voyageur, parce qu’il étoit à pied. Mais elle jugeoit notre héros un vrai garnement, et le traitoit en conséquence. Jones lui-même, s’il avoit su ce que sait le lecteur, n’auroit pu se plaindre de mistress Whitefield. Il auroit au contraire approuvé sa conduite, et redoublé d’estime pour elle, à proportion du mépris qu’elle lui témoignoit. Rien n’est plus cruel qu’une obscure calomnie. L’homme instruit de l’atteinte portée à sa réputation, n’a pas lieu de s’offenser de l’éloignement qu’il inspire. Il devroit plutôt mépriser ceux qui le recherchent, à moins qu’ils n’eussent acquis, par une intime liaison avec lui, la conviction de son innocence.
Jones n’avoit pas été en état de se disculper. Il ignoroit complètement les propos qu’on avoit