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peuse du monde ; car elle annonce un caractère bien différent. D’après ce que j’ai pu en juger, en si peu de temps, sa politesse et ses manières ne laissent rien à désirer. »

L’avocat sans cause se souvenant qu’il n’avoit garanti par aucun serment, la sincérité de son récit, se mit alors à l’appuyer de tant de jurements et d’imprécations, que l’hôtesse en eut les oreilles blessées, et se hâta de lui fermer la bouche, en l’assurant qu’elle le croyoit sur sa parole.

« J’espère, madame, ajouta-t-il, que vous ne me jugez pas capable d’avancer des faits aussi graves, sans être certain qu’ils sont vrais. Quel intérêt aurois-je à noircir la réputation d’un jeune homme qui ne m’a jamais offensé ? Tout ce que j’ai dit de lui, est l’exacte vérité. Personne n’ignore son histoire dans le canton. »

L’hôtesse n’ayant nulle raison de supposer que cet homme fût intéressé à calomnier Jones, put croire sans injustice ce qu’il affirmoit avec tant de serments. Elle renonça donc à ses connoissances en physionomie, et conçut une si mauvaise opinion de son hôte, qu’elle désira vivement d’en être débarrassée.

Ses préventions contre lui acquirent une nouvelle force, par ce qu’elle apprit de son mari. Il venoit, dit-il, de la cuisine, où Partridge racontoit à tout le monde, que bien qu’il portât le