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— Oui, répondit le mari, nous avons vidé une bouteille ensemble. C’est un vrai gentilhomme, et un gentilhomme qui se connoît joliment en chevaux. Je conviens qu’il est jeune et sans beaucoup d’expérience ; car il n’a encore vu, je crois, que très-peu de courses.

— Oh ! oh ! c’est un de vos confrères, à ce que je vois. On ne peut lui disputer le titre de gentilhomme, puisqu’il est amateur de courses. Le diable emporte de tels gentilshommes. Je voudrois n’en avoir jamais connu un seul. Ah ! vraiment, j’ai grande raison d’aimer les amateurs de courses.

— Sans doute ; car j’en étois un, vous le savez.

— Oui certes, et un fameux encore. Comme disoit mon premier mari, je pourrois mettre dans mes deux yeux tout le bien que j’ai gagné par votre travail, je n’en verrois pas moins clair pour cela.

— Au diable soit votre premier mari.

— N’envoyez pas au diable un homme qui valoit mieux que vous. S’il vivoit encore, vous n’oseriez pas l’insulter en face.

— Vous croyez donc que j’ai moins de courage que vous ; car je vous ai souvent entendue l’envoyer au diable.

— Cela se peut, mais j’en ai eu du regret. Il étoit assez bon pour me pardonner quelques