Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/266

Cette page a été validée par deux contributeurs.

du haut d’une tour, sans me faire de mal : ce qui annonce clairement quelque heureuse aventure. J’ai rêvé encore, la nuit dernière, que je courois la poste derrière vous, sur une jument blanche comme du lait : présage heureux d’une bonne fortune que j’ai résolu de ne point laisser échapper, à moins que vous n’ayez la cruauté de rejeter ma demande.

— Je voudrois, monsieur Partridge, qu’il fût en mon pouvoir de vous dédommager des maux que vous avez soufferts à mon sujet ; mais je n’ai pour le moment aucun moyen d’y remédier. Soyez sûr toutefois, que je ne vous refuserai rien de ce que je puis vous accorder.

— Le succès de ma demande dépend entièrement de vous, monsieur. Je n’ambitionne que l’honneur de vous accompagner dans votre expédition. Je suis même tellement décidé à vous suivre, que votre refus tueroit du même coup un barbier et un chirurgien. »

Jones lui répondit en souriant, qu’il seroit désolé de causer au public un si grand préjudice. Il allégua en vain des motifs de prudence, pour le détourner de son dessein. Benjamin, que nous nommerons désormais Partridge, comptoit trop fortement sur son rêve de la jument blanche comme du lait. Il se disoit en outre rempli de zèle pour la cause publique, et il jura qu’il par-