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— Un livre ? reprit Benjamin ; comment le voulez-vous ? Latin ou anglois ? J’en possède de curieux dans ces deux langues. J’ai en latin : Erasmi Colloquia[1], Ovid. de Tristibus[2], Gradus ad Parnassum[3] ; et en anglois plusieurs ouvrages de nos meilleurs auteurs, un peu dépareillés, il est vrai, tels que la plus grande partie de la chronique de Stowe, le sixième tome de l’Homère de Pope, le troisième du Spectateur, le second de l’Histoire romaine de Laurent Echard, l’Artisan, Robinson Crusoé, Thomas a Kempis, et deux volumes des œuvres de Tom Brown.

— Je n’ai jamais rien lu, dit Jones, de ce dernier auteur. Je ferai volontiers connoissance avec lui. » Benjamin l’assura qu’il en seroit très-content, et que Tom Brown étoit un des plus beaux génies de l’Angleterre. Il courut à sa maison, qui n’étoit qu’à deux pas de l’auberge, et en rapporta les deux volumes. Jones lui recommanda le plus grand secret, le barbier lui promit une discrétion à toute épreuve : après quoi, ils se séparèrent ; Jones se retira dans sa chambre, et le barbier s’en retourna chez lui.


  1. Les colloques d’Érasme.
  2. Les Tristes d’Ovide.
  3. Le Chemin du Parnasse.