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ment son combat contre Thwackum, et s’arrêta à la résolution qu’il avoit prise de s’embarquer, lorsque la rébellion survenue dans le Nord, l’engagea à changer de dessein, et le conduisit au lieu où il se trouvoit en ce moment.

Le petit Benjamin, après l’avoir écouté jusqu’au bout de toutes ses oreilles, sans l’interrompre une seule fois, ne put s’empêcher de lui dire, qu’il falloit qu’on eût inventé et rapporté à M. Allworthy quelque chose de plus contre lui ; qu’autrement cet excellent homme n’auroit pu se résoudre à renvoyer de la sorte quelqu’un qu’il avoit si tendrement aimé.

Jones lui répondit qu’il ne doutoit pas que ses ennemis n’eussent employé d’infâmes artifices pour le perdre.

La remarque du barbier étoit juste, et n’auroit échappé à personne. Jones ne lui avoit pas fait connoître les véritables motifs de sa disgrace. Ses actions, telles qu’il venoit de les présenter, ne paroissoient point dans le faux jour sous lequel la malignité s’étoit efforcée de les peindre à M. Allworthy. Il n’avoit pu d’ailleurs parler de mille torts imaginaires qu’on lui avoit prêtés successivement à son insu. Il avoit aussi, comme on l’a vu, passé sous silence plusieurs faits essentiels. En somme, toute sa conduite étoit en apparence