ni pour le lieu. Il se distinguoit encore par une foule de singularités dont nous ne parlerons point à présent. Le lecteur s’en apercevra sans peine, en faisant avec lui une plus ample connoissance.
Jones, pressé par la faim, de finir sa toilette, trouva que le barbier étoit d’une lenteur infinie à préparer son savon, et le pria de se hâter. L’autre lui répondit, avec un sérieux qu’il ne perdoit jamais : « Festina lente[1], est un proverbe que j’ai appris, long-temps avant de manier le rasoir.
— Il paroît, mon ami, dit Jones, que vous êtes un savant.
— Un pauvre savant. Non omnia possumus omnes[2].
— Encore ? je vois que vous possédez vos poëtes, et que vous avez le talent de les citer à propos.
— Pardonnez-moi, monsieur, non tanto me dignor honore[3]. (Et procédant à son opération.) Monsieur, dit-il, depuis que je me mêle du métier de barbier, je n’ai trouvé que deux raisons pour se raser. L’une, c’est l’envie d’avoir de la barbe ; l’autre, c’est le besoin de s’en débarrasser. Je conjecture, monsieur, qu’il n’y a pas long-temps que le premier de ces motifs vous