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de sa bonne grace, en un mot toutes les épithètes flatteuses que peut fournir notre langue, on ne manquera pas de s’écrier avec Horace :

Qui le croira ? personne, assurément personne,
Ou deux lecteurs au plus.[1]

Nous avons cependant connu l’original de ce portrait ; mais un exemple unique (car où en trouver un second ?) ne sauroit justifier un auteur, dont les ouvrages sont destinés à être lus par des milliers de gens qui n’ont jamais entendu parler d’un semblable prodige, ni de rien qui en approche. L’éloge de pareils modèles de vertu devroit être abandonné à la plume d’un faiseur d’épitaphes, ou de quelque poëte qui pourroit hasarder, sans craindre de déplaire au lecteur, de l’enchâsser dans un distique, ou de le glisser négligemment au bout d’un vers.

Enfin, ce n’est pas assez que les actions n’excèdent point la portée des forces humaines, il faut encore qu’elles soient conformes au caractère des personnages ; car ce qui n’est qu’étonnant dans un homme, peut paroître invraisemblable et même impossible dans un autre. Cette dernière règle, que les critiques appellent observation des mœurs, exige un rare discernement,

  1. … Quis credit ? nemo Hercule ! nemo,
    Vel duo, vel nemo.Perse.