Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/223

Cette page a été validée par deux contributeurs.

conviennent, avec M. Dacier, que l’impossible n’exclut pas le vraisemblable. Les autres se montrent si incrédules en matière d’histoire, ou de poésie, qu’ils n’admettent comme possible, ou comme vraisemblable, que ce qui s’accorde avec leurs propres observations.

Il nous semble d’abord, qu’on peut raisonnablement exiger de tout écrivain, qu’il se renferme dans les bornes du possible, et n’oublie jamais qu’on ne sauroit croire qu’un homme ait fait, ce qu’il est impossible à l’homme de faire. De là, sans doute, l’origine de beaucoup d’histoires des anciennes divinités du paganisme qui sont, pour la plupart, d’invention poétique. Le poëte, voulant donner une libre carrière aux caprices de son imagination, eut recours à un pouvoir surnaturel, dont ses lecteurs étoient incapables de mesurer l’étendue, ou plutôt qu’ils se figuroient infini : et par conséquent, il put, sans les choquer, en raconter tous les prodiges qu’il lui plut. On a tenté de justifier de la sorte le merveilleux des poëmes d’Homère ; et cette apologie paroît assez fondée. Ce n’est pas, ainsi que le prétend M. Pope, à cause de la stupidité des Phéaciens, qu’Ulysse leur débite cent fables absurdes, mais parce qu’Homère écrivoit pour des païens, aux yeux de qui ces fables étoient autant d’articles de foi. Quant à nous (telle est la bonté de notre na-