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force remarquable. Ajoutez à cela des joues rebondies, un teint fleuri, d’assez belles dents, avantages généralement prisés par les femmes. De pareils charmes firent impression sur l’hôtesse, qui ne haïssoit pas ce genre de beauté. La situation de l’enseigne lui inspiroit en outre une véritable pitié. Lorsqu’elle apprit du chirurgien que le volontaire alloit mal, elle pensa que les affaires de M. Northerton pourroient bien prendre aussi une mauvaise tournure. Ayant obtenu la permission de le voir, et le trouvant plongé dans une profonde mélancolie, qu’elle augmenta encore par le récit du péril éminent que couroit le volontaire, elle se hasarda à lui faire quelques propositions. Northerton y prêta une oreille attentive. Bientôt s’établit entre eux une intelligence complète. Bref, il fut convenu qu’à un signal donné, l’enseigne monteroit dans la cheminée de sa chambre, qui, à peu de distance du foyer, communiquoit à celle de la cuisine, où il descendroit après que l’hôtesse auroit eu soin d’en écarter tout le monde.

De crainte que des lecteurs, d’un caractère rigide, ne se hâtent trop de condamner la compassion, comme une folie pernicieuse à la société, nous jugeons à propos de rapporter une circonstance qui put influer beaucoup sur la conduite de la bonne femme. Le capitaine, à la suite d’une