de force et de santé, il résolut de se lever et d’aller trouver son adversaire.
Il envoya d’abord chercher le sergent, qui étoit sa première connoissance dans la troupe. Malheureusement, ce brave homme, après avoir bu comme une éponge, s’étoit jeté sur son lit et ronfloit si fort, qu’il étoit difficile de faire parvenir à son oreille un bruit capable de couvrir celui qui sortoit de sa gorge et de ses narines.
Cependant Jones voulant absolument lui parler, chargea un garçon d’auberge, à voix de Stentor, d’aller l’éveiller. Celui-ci en vint à bout, non sans peine, et l’informa du sujet de son message. Dès que le sergent en fut instruit, il se leva ; comme il étoit tout habillé, il ne se fit pas attendre. Jones ne jugea pas à propos de lui confier son dessein, quoiqu’il eût pu le faire avec assurance. Le sergent étoit un homme d’honneur et d’un courage éprouvé. Il auroit donc gardé fidèlement ce secret, ou tout autre qu’il n’eût pas été de son intérêt de trahir ; mais Jones n’avoit pu découvrir, en si peu de temps, toutes ses bonnes qualités ; ainsi la réserve dont il usa étoit sage et digne de louanges.
Il commença par dire au sergent, qu’étant maintenant militaire, il avoit honte de n’être point pourvu de l’instrument le plus nécessaire à un soldat, c’est-à-dire d’une épée. « Je vous aurai,