Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/199

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— En danger ? oui assurément. Est-il quelqu’un de nous, quoiqu’il jouisse de la plus parfaite santé, qu’on puisse dire n’être point en danger ? Comment donc répondre d’un homme atteint d’une blessure aussi grave ? Tout ce que je puis dire, quant à présent, c’est qu’on a très-bien fait de m’appeler, et qu’on auroit encore mieux fait de m’appeler plus tôt. Je reviendrai demain matin, de bonne heure. En attendant, qu’on laisse reposer le malade, et qu’on ne lui plaigne pas l’eau de gruau.

— Ne lui permettrez-vous pas du sack-wey[1] ? dit l’hôtesse.

— Oui, oui, un peu de sack-wey, pourvu qu’il soit bien léger.

— Et un peu de bouillon de poulet ?

— Oui, oui, le bouillon de poulet est fort bon.

— Ne pourrai-je pas lui faire aussi quelques gelées ?

— Oui, oui, les gelées sont excellentes pour les blessures ; elles facilitent la cohésion. »

Par bonheur, l’hôtesse ne parla ni de ragoûts, ni de puddings ; car le complaisant Esculape auroit souscrit à tout, plutôt que de s’exposer à perdre la pratique de la maison.

Dès qu’il fut parti, l’hôtesse se mit à chanter

  1. Boisson faite avec du vin d’Espagne et du lait.