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la totalité de la dépense, qui ne montoit, il est vrai, qu’à trois schellings et quatre pence.

Ce trait de générosité excita la reconnoissance et les applaudissements de toute la troupe. Les épithètes d’honorable, de noble, de digne gentilhomme, retentirent dans la salle. L’aubergiste lui-même, commença à concevoir une meilleure opinion de son hôte, et fut tenté de révoquer en doute le récit du guide.

Le sergent avoit dit à M. Jones, qu’ils marchoient contre les rebelles, et qu’ils avoient l’espoir d’être commandés par le fameux duc de Cumberland. C’étoit alors l’époque des plus audacieuses tentatives de la dernière rébellion ; les brigands s’avançoient vers le centre de l’Angleterre, avec le dessein, disoit-on, de combattre l’armée du roi, et de pénétrer jusqu’à la capitale.

Jones avoit, dans le cœur, quelque étincelle de ce feu qui produit les héros, et un zèle ardent pour la glorieuse cause de la liberté et de la religion protestante. On ne s’étonnera pas que, dans une situation qui auroit pu le porter à des entreprises plus hasardeuses et plus romanesques, il lui vînt à l’esprit de faire cette campagne, comme volontaire.

Dès que le sergent eut connoissance de ce bon mouvement, il fit tout ce qu’il put pour le seconder et le fortifier ; il proclama ensuite à haute