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davantage depuis la perte de sa cuiller : en un mot, la crainte d’être volé l’absorboit au point de lui faire oublier qu’il n’avoit plus rien à perdre.

Jones obligé de se passer de lit, s’étendit sans murmurer dans un grand fauteuil de jonc ; et le sommeil qui avoit fui naguère ses yeux, sous de riches lambris, ne dédaigna point de le visiter dans un humble réduit.

Quant à l’hôte, la peur l’empêcha de se livrer au repos. Il s’établit au coin du feu de la cuisine, d’où il avoit l’œil sur l’unique porte qui donnoit dans la chambre, ou plutôt dans le trou où Jones s’étoit réfugié. La fenêtre ne l’inquiétoit pas ; l’ouverture en étoit si étroite, qu’un chat auroit eu de la peine à passer à travers.


CHAPITRE XI.



ARRIVÉE DANS L’AUBERGE D’UNE TROUPE DE GENS DE GUERRE.

L’hôte ayant placé son siége en face de la porte de Jones, résolut d’y faire sentinelle toute la nuit.