de la mélancolie empreinte dans la physionomie de notre ami, espéroit de l’adoucir par sa conversation, et ne pouvoit se résoudre à le quitter.
Ils gardèrent l’un et l’autre, pendant quelques moments, un si profond silence, que Jones put se croire transporté dans une assemblée de la secte taciturne dont l’étranger faisoit partie. Enfin le quaker inspiré… probablement par un esprit de curiosité : « Ami, dit-il, je vois que tu as éprouvé quelque grande infortune ; mais, je t’en prie, console-toi. Peut-être as-tu perdu une amie. Dans ce cas, tu dois considérer que nous sommes tous mortels. Et pourquoi t’affligerois-tu sans mesure, quand tu sais que ta douleur ne servira de rien à l’objet de tes regrets ? Nous sommes tous nés pour souffrir. Moi qui te parle, j’ai mes chagrins comme toi, et des chagrins, selon toute apparence, plus cuisants que les tiens. Je possède un revenu clair et net de cent livres sterling, qui suffit de reste à mes besoins ; j’ai, grace au ciel, la conscience pure ; je suis d’un tempérament sain et robuste ; je ne dois rien à personne ; personne ne peut me reprocher une injustice… et pourtant, ami, je serois fâché de te croire aussi malheureux que moi. »
Ici le quaker s’arrêta, en poussant un long soupir. « Monsieur, lui dit Jones, je suis touché de votre malheur, quelle qu’en soit la cause.