mauvaise honte, s’informer de la véritable, il prit tantôt à droite, tantôt à gauche. À la fin, la nuit vint, et on commençoit à n’y plus voir. Jones qui se doutoit de la méprise du guide, lui fit part de ses craintes. Celui-ci soutint qu’ils étoient dans la bonne voie, et ajouta qu’il seroit bien étrange qu’il ne sût pas le chemin de Bristol, quoique dans la réalité, il eût été beaucoup plus étrange qu’il le sût, n’y étant jamais allé de sa vie.
Jones n’avoit pas dans son guide une foi implicite. À son arrivée dans un village, il demanda au premier paysan qu’il rencontra, s’il étoit sur la route de Bristol ?
« Eh ! d’où venez-vous ? dit le villageois.
— Qu’importe ? lui répondit Jones un peu brusquement. Je veux savoir si cette route est celle de Bristol ?
— La route de Bristol ? répéta le villageois en se grattant la tête. Oh ! notre maître, je crois que vous aurez de la peine à gagner aujourd’hui Bristol, par ce chemin.
— Indique-moi donc, mon ami, celui que je dois prendre.
— Par ma foi, notre maître, il faut que vous vous soyez trompé de route, Dieu sait où ; car celle-ci mène à Glocester.
— Fort bien ; et quel est le chemin de Bristol ?
— Vous y tournez le dos.