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CHAPITRE VII.

toujours disposée à reconnoître des prétentions humiliantes ; elle s’écartoit souvent du respect auquel on vouloit l’astreindre. Pour cette raison, la femme de chambre de mistress Western se plaisoit peu dans sa compagnie. Elle désiroit ardemment de retourner à Londres, pour y reprendre l’empire qu’elle exerçoit, dans la maison de sa maîtresse, sur tous les autres domestiques ; et son mécompte avoit été grand le matin, quand mistress Western avoit changé d’avis, au moment de monter en voiture. Elle étoit depuis ce temps-là, d’une humeur intraitable.

Ce fut dans cette disposition qu’elle entra chez Honora, qui se livroit aux réflexions dont nous venons d’entretenir le lecteur. Dès que celle-ci l’aperçut, elle lui dit d’un ton obligeant : « Ainsi donc, mademoiselle, nous aurons le plaisir de vous garder plus long-temps que nous n’osions l’espérer, après la querelle qui a eu lieu entre mon maître et votre maîtresse ?

— Je ne sais, mademoiselle, répondit l’autre avec aigreur, ce que vous entendez par vous et nous. Je ne vois, dans cette maison, aucun domestique dont la compagnie soit faite pour moi. J’ai droit, je pense, d’en fréquenter une meilleure. Ce que je dis là ne vous regarde pas, mistress Honora ; vous êtes une jeune fille comme il faut ; quand vous aurez acquis un peu plus d’usage du