nous sommes sûrs d’être grondés. Je ne serois pas surprise que mademoiselle en eût beaucoup de ce que je vais lui dire ; car il y a bien de quoi la surprendre et la choquer.
— Ma bonne Honora, expliquez-vous, sans tant de préambule. Peu de choses, je vous proteste, sont de nature à me surprendre, encore moins à me choquer.
— Oh ! ma chère demoiselle, j’ai entendu mon maître parler au ministre Supple d’obtenir une dispense ce soir même, et lui dire que vous seriez mariée demain matin.
— Demain matin ! s’écria Sophie en pâlissant.
— Oui, mademoiselle, rien n’est plus sûr. Mon maître l’a dit ainsi.
— Honora, vous me glacez d’effroi ; je respire à peine. Que dois-je faire dans cette cruelle situation ?
— Je voudrois être en état de donner un conseil à mademoiselle.
— Oh dites-moi, je vous en prie, ma chère Honora, dites-moi ce que vous feriez, si vous étiez à ma place.
— Plût à Dieu, mademoiselle, que je fusse à votre place ! soit dit pourtant sans vouloir vous nuire ; car je ne suis pas assez votre ennemie, pour vous souhaiter la condition d’une servante. Eh bien, si j’étois à votre place, je ne serois point