êtes-vous muette ? ne sauriez-vous parler ? votre mère n’étoit-elle pas pour moi un vrai démon ? répondez ; vous vous taisez ? méprisez-vous votre père, au point de le juger indigne d’une réponse ?
— Mon père, au nom du ciel, répartit Sophie, ne donnez point à mon silence une interprétation si cruelle. Je mourrois plutôt que de manquer au respect que je vous dois ; mais comment oserois-je parler, quand je crains à chaque mot d’offenser un père chéri, ou d’outrager par une noire ingratitude, la mémoire de la meilleure des mères ; car ma mère a toujours été telle pour moi.
— Et votre tante est aussi, je le suppose, la meilleure des sœurs ? ne me ferez-vous pas la grace de convenir que c’est une femme insupportable ? Je puis insister là-dessus, je pense, sans craindre d’être contredit.
— Mon père, j’ai de grandes obligations à ma tante ; elle a été pour moi une seconde mère.
— Oui, et une seconde femme pour moi. Ainsi vous prenez encore son parti. Ne conviendrez-vous pas qu’elle s’est montrée, à mon égard, la plus méchante sœur du monde ?
— Je ne pourrois en convenir, sans mentir à ma conscience. Ma tante a, je le sais, une manière de voir très-opposée à la vôtre ; mais je l’ai entendue, mille fois, exprimer pour vous un ten-