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CHAPITRE IV.

de prendre la défense de sa mère, qu’elle regrettoit amèrement, quoiqu’elle l’eût perdue dans sa onzième année. La pauvre femme n’avoit été, de son vivant, que la première servante de son mari, qui la payoit de sa soumission par ce que le monde appelle d’honnêtes procédés. Il ne juroit guère contre elle plus d’une fois par semaine, il ne la battoit point, ne lui donnoit aucun sujet de jalousie, et la laissoit maîtresse absolue de son temps ; car il passoit les matinées à la chasse, et les soirées à table, avec des amis de bouteille. Mistress Western ne le voyoit qu’aux heures des repas. C’étoit elle qui étoit chargée du soin de servir les mets qu’elle avoit aidé elle-même à préparer. Elle se retiroit cinq minutes environ après les domestiques, aussitôt qu’elle avoit bu, avec de l’eau, à la santé du roi. Telle étoit la règle établie par M. Western. Il avoit pour principe, que les femmes devoient arriver à table au premier service, et en sortir après le premier toast. Mistress Western se conformoit sans peine à sa volonté. La conversation, si l’on pouvoit donner ce nom aux propos grossiers et bruyants des convives, n’étoit pas de nature à la charmer. Elle ne consistoit qu’en récits de chasse, en chansons bachiques, en diatribes contre le sexe et contre le gouvernement.

Hors ces courts intervalles, l’écuyer n’avoit