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TOM JONES.

saurois finir, sans vous recommander, en bon chrétien, de travailler sérieusement à votre conversion. Puissiez-vous obtenir à cet effet la grace du ciel ! c’est le vœu sincère de votre humble serviteur,

« W. Blifil. »

Cette lettre excita dans le cœur de notre héros, mille mouvements impétueux et contraires. Après un long combat, les sentiments tendres l’emportèrent sur la colère et sur l’indignation, et un torrent de larmes salutaires le sauva, selon toute apparence, du désespoir ou de la folie.

Mais bientôt honteux de sa foiblesse, « Eh bien ! s’écria-t-il, donnons à M. Allworthy la seule marque d’obéissance qu’il exige, partons à l’instant……… Où aller ?… peu importe, que le hasard en décide. Aussi bien, puisque personne ne s’intéresse à mon triste sort, j’y veux être moi-même indifférent. M’occuperai-je seul de ce que nul autre……… Que dis-je ? n’ai-je pas lieu de penser qu’une femme adorée, une femme digne des hommages de l’univers…… Oui, je puis, je dois croire que ma Sophie n’est point insensible à mes peines. Abandonnerai-je cette unique amie ? et quelle amie ! Ah ! plutôt, revolons auprès d’elle……… Mais quoi ! tous les chemins ne me sont-ils pas fermés ? quand ses vœux d’ailleurs