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TOM JONES.

L’homme est un pauvre acteur ; ainsi qu’une ombre vaine,
Il se montre, il s’agite un moment sur la scène,
Et dès qu’il l’a quittée, il tombe dans l’oubli[1].

À ces vers si connus, nous en joindrons d’autres tirés d’un poëme sur la Divinité, qui a obtenu moins de succès qu’il n’en méritoit.

Dans ce monde, grand Dieu, tout dépend de tes lois,
Le destin des états et la chute des rois.
Le temps, à nos regards, ouvre un théâtre immense.
On y voit ces héros que le vulgaire encense,
Toujours environnés d’une brillante cour,
Et de lauriers nouveaux le front ceint tour à tour ;
D’illustres souverains précipités du trône,
De fougueux conquérants parés de leur couronne,
Et dont l’orgueil enflé d’un insigne bonheur,
Croit en devoir l’éclat à leur seule valeur.
Leur succès, leur orgueil, leur ambition même
Accomplissent du ciel la volonté suprême.
De ses desseins secrets, aveugles instruments,
Tels que les feux lancés dans l’air par des volcans,
Ils brillent un moment sur la scène du monde,
Puis tombent sans retour dans une nuit profonde ;
Et pour tout souvenir de leur prospérité,
Sur leurs vains monuments on lit : Ils ont été[2] !

  1. ......Life’s poor player
    That struts and frets his hour upon the stage,
    And then is heard no more
    .

  2. From thee all human actions take their springs,
    The rise of empires, and the fall of kings !
    See the vast theatre of time display’d,
    While o’er the scene succeeding heroes tread !
    With pomp the shining images succeed ;
    What leaders triumph, and what monarch bleed
     !