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comme une circonstance aggravante de votre faute, d’en avoir déposé le fruit dans ma maison, je veux bien supposer, en votre faveur, que vous avez été guidée par un sentiment naturel d’affection pour votre enfant, espérant sans doute lui assurer de cette façon un sort que ni vous, ni son coupable père ne pouviez lui procurer. Si vous aviez abandonné le petit malheureux, à l’exemple de ces mères dénaturées, qui semblent s’être dépouillées de l’humanité, comme de la pudeur, vous trouveriez en moi un juge inexorable. Ce n’est donc point sur l’offense qui me concerne que je me propose de vous réprimander, mais sur la violation des lois de la chasteté, crime non moins odieux en lui-même, malgré les propos légers des libertins, que terrible dans ses conséquences.

« Ce crime est énorme aux yeux de tout chrétien, puisqu’il enfreint les préceptes de notre religion, et les commandements formels de son divin fondateur.

« Quant à ses conséquences, on peut bien les appeler terribles. Quoi de plus affreux, en effet, que d’encourir la colère de Dieu par une offense à laquelle il réserve le plus formidable châtiment !

« Ces principes, hélas ! trop méconnus, sont d’une telle évidence, que si les hommes n’y conforment pas leurs actions, c’est plutôt par ou-