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À gauche, la vue s’égaroit sur un parc dessiné avec un goût exquis, mais moins redevable de sa beauté à l’art qu’à la nature. Le sol inégal présentoit une agréable diversité de collines, de plaines, d’eaux et de bois. Au-delà s’élevoit par degrés une chaîne de montagnes sauvages, dont les sommets se cachoient dans les nues.

On touchoit à la moitié du mois de mai, la matinée étoit d’une sérénité parfaite : M. Allworthy se promenoit sur la terrasse de son château, où l’aurore découvroit de moment en moment à ses yeux le riant paysage que nous venons de décrire. Bientôt le soleil, après avoir lancé au-dessus de l’horizon mille traits de lumière, comme pour annoncer son approche, parut dans tout l’éclat de sa gloire. Un seul objet sur la terre sembloit plus digne d’admiration, c’étoit le bon, le généreux Allworthy, méditant de quelle manière il pourroit se rendre le plus agréable à son Créateur, en faisant le plus de bien possible à ses semblables.

Comment descendre, sans accident, de la hauteur sublime où nous venons de nous élever ? il le faut pourtant, une autre scène appelle notre attention : miss Bridget a sonné, le déjeuner est servi ; suivons l’écuyer Allworthy dans la salle à manger.

Après les compliments d’usage, quand le thé