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charmante perspective qu’offroit la vallée située au-dessous.

Une belle pelouse descendoit en pente douce, du milieu de ce bois vers le château. Dans sa partie supérieure, du creux d’un rocher couronné de sapins, jaillissoit une source abondante qui formoit en tout temps une cascade d’environ trente pieds de hauteur. Au lieu de parcourir une suite de gradins réguliers, l’eau tomboit naturellement sur des quartiers de roc entassés au hasard, et couverts de mousse. Elle couroit ensuite dans un lit de cailloux, où elle faisoit de nombreux détours et plusieurs chutes moins considérables que la première, et elle finissoit par se perdre au bas de la colline, du côté du sud, à un quart de mille du château, dans un lac qu’on apercevoit de toutes les parties de la façade. Ce lac occupoit le centre d’une superbe plaine ornée de bouquets d’ormes et de hêtres, et peuplée de troupeaux. Il en sortoit une rivière que l’on voyoit serpenter pendant plusieurs milles à travers des bois et des prés, puis se décharger dans un vaste bras de mer qui entouroit une île et fermoit la perspective.

Sur la droite s’ouvroit une autre vallée moins étendue, semée de villages, et terminée par le frontispice encore entier d’une abbaye en ruine, et par une de ses tours tapissée de lierre.