Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 1.djvu/406

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— J’en aurois plus tôt exterminé tous les renards. Ne faut-il pas, d’ailleurs, encourager la population, pour réparer les pertes que nous faisons journellement à la guerre ? — Mais, où est-elle ? Je t’en prie, Tom, montre-la-moi. » À ces mots, il se mit à battre les buissons, de la même manière que s’il eût chassé un lièvre. À la fin il s’écria : « Oh ! oh ! l’animal n’est pas loin. Sur mon honneur, voici son gîte, mais il a pris la fuite. » L’écuyer disoit vrai ; il se trouvoit à la place même d’où la pauvre fille s’étoit enfuie, dès le commencement de la bagarre, sur autant de pieds qu’un lièvre en emploie pour courir.

Sophie, qui se sentoit foible et craignoit une rechute, pria son père de la ramener au château. L’écuyer se rendit sur-le-champ au désir de sa fille ; car c’étoit le plus tendre des pères. Il pressa de nouveau la compagnie de venir souper chez lui. Blifil et Thwackum s’en excusèrent. Le premier dit, qu’il avoit plus de motifs qu’il n’en pouvoit alléguer, pour le moment, de ne point accepter cet honneur ; le second observa, peut-être avec raison, que la bienséance ne permettoit pas à un homme de sa profession, de se montrer dans l’état où il étoit.

Jones, incapable de résister au plaisir de passer la soirée avec sa Sophie, suivit l’écuyer Western et les deux dames. Le ministre Supple fermoit