ce noble passe-temps des rois, deviendroit un jeu presque innocent, et les combats entre deux grandes armées se livreroient à la satisfaction des belles dames, que rien n’empêcheroit d’y assister, avec les monarques eux-mêmes. Si les champs de bataille étoient un moment jonchés de corps humains, un instant après les morts, ou du moins la plupart d’entre eux, se relèveroient comme les troupes de M. Bayes, et se remettroient en marche au son du tambour, ou du violon, selon qu’on en seroit convenu d’avance.
Pour éviter de traiter cette matière sur un ton de plaisanterie qui pourroit offenser les politiques, ennemis jurés de tout badinage, nous demandons sérieusement si le succès d’une bataille, le sort d’une ville assiégée, ne se décideroient pas aussi bien par le plus ou le moins de têtes cassées, de nez sanglants, et d’yeux pochés, que par des monceaux de cadavres horriblement mutilés ? Cette nouvelle tactique seroit, à la vérité, peu favorable aux François ; elle leur feroit perdre l’avantage que leur donne sur les autres nations la supériorité de leur artillerie ; mais la valeur et la générosité bien connues de ce peuple, nous sont garants qu’il n’hésiteroit pas à se mesurer de pair avec ses rivaux, et à rendre, comme on dit, la partie égale.
Il est, nous le savons, plus facile de souhaiter