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qu’au temps où je vous enseignois les premières règles de votre rudiment.

— Vous pouvez le penser ainsi, moi je n’en crois rien, et vous ne me ferez pas changer d’avis, à moins que vous n’ayez entre les mains, pour me convaincre, les mêmes arguments qu’autrefois.

— Eh bien ! je vous déclare net, que je veux savoir le nom de la malheureuse qui étoit avec vous.

— Et moi, je vous déclare aussi net, que vous ne le saurez pas. »

Thwackum fit mine d’avancer, Jones le saisit par le bras. Aussitôt Blifil accourut, et protesta qu’il ne souffriroit pas qu’on maltraitât son ancien maître.

Jones se voyant deux ennemis à la fois sur les bras, crut devoir se débarrasser de l’un d’eux. Il s’adressa de préférence au plus foible, et lâchant le ministre, d’un seul coup, il étendit à ses pieds le jeune écuyer.

Thwackum, tout occupé de l’objet de sa recherche, profita de la liberté qu’il avoit recouvrée, pour pénétrer dans le bois, sans s’inquiéter de ce que deviendroit son compagnon. Mais Jones, vainqueur de Blifil, ne le laissa pas aller bien loin ; il courut après lui, et le tira rudement en arrière par le pan de son habit.