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der pour nous notre science, et à continuer, sans autre digression, le cours de cette histoire.

On a observé que la fortune fait rarement les choses à demi. Elle est extrême dans ses faveurs, comme dans ses disgraces. Au moment où notre héros se retiroit à l’écart avec sa Didon,

Speluncam Blifil dux et divinus eamdem
Deveniunt
[1].

MM. Thwackum et Blifil, qui se promenoient en s’entretenant de choses sérieuses, arrivèrent à l’entrée du bois. Le dernier aperçut nos deux amants, lorsqu’ils alloient disparoître dans l’ombre. Il reconnut très-bien Jones, quoiqu’à plus de cent pas de distance. Il ne se méprit pas non plus sur le sexe de l’autre individu, sans pouvoir toutefois distinguer qui c’étoit. Il tressaillit, se signa, et poussa un grand cri.

Thwackum surpris de sa subite émotion, lui en demanda la cause. Blifil répondit, qu’il étoit sûr d’avoir vu entrer ensemble dans le bois un homme et une femme, qui ne pouvoient avoir que de mauvais desseins. Il jugea à propos de taire le nom de Jones. Dans quel but ? C’est au lecteur pénétrant à le deviner. Nous nous abste-

  1. Parodie de Virgile :

    Speluncam Dido dux et Trojanus eamdem
    Deveniunt
    .