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CHAPITRE X.



QUI DÉMONTRE LA JUSTESSE D’UNE OBSERVATION FAITE PAR OVIDE ET D’AUTRES AUTEURS PLUS PROFONDS, QUE L’IVRESSE EST SOUVENT LE PRÉLUDE DE L’INCONTINENCE.

Jones, avant d’entrer chez M. Allworthy, alla faire un tour dans la campagne, pour tâcher de calmer l’agitation de ses sens. L’image de sa chère Sophie, que la maladie dangereuse de son bienfaiteur avoit écartée quelque temps de sa pensée, revint naturellement s’y offrir. Il se livroit à de douces rêveries, lorsqu’un incident qui affligera, comme nous, le lecteur, mais que notre devoir d’historien nous oblige de transmettre à la postérité, en interrompit le cours.

C’étoit pendant une belle soirée des derniers jours du mois de juin ; notre héros avoit dirigé ses pas vers un petit bois, où le souffle du zéphyr qui se jouoit dans le feuillage, le murmure d’une source d’eau vive, et le ramage de mille oiseaux