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laquelle la fortune se montra aussi favorable à Blifil, qu’elle lui avoit été contraire dans la précédente.

À la fin pourtant, il se conclut une trêve, par la médiation des parties neutres : la compagnie se remit à table ; Jones consentit à demander pardon, Blifil l’accorda, la paix fut faite, et les choses semblèrent rétablies in statu quo.

Malgré cette réconciliation apparente, le plaisir, que la querelle avoit banni, ne revint pas. Tout sentiment de joie étoit éteint ; on ne traita plus que de graves questions de politique et de morale, sorte d’entretien fort instructif sans doute, mais d’un très-médiocre intérêt. Comme nous n’avons en vue que l’amusement du lecteur, nous passerons sous silence ce qui se dit, jusqu’au moment où les convives s’étant peu à peu retirés, Square et le médecin restèrent seuls. La conversation se ranima un instant par des réflexions critiques sur la dispute des deux jeunes gens. Le médecin prononça, qu’à tout prendre, ils ne valoient pas mieux l’un que l’autre : décision que le philosophe approuva d’un mouvement de tête grave et significatif.