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conduite ressembla si peu à celle des autres personnages, que nous n’avons pas voulu le confondre avec eux.

Il quitta le dernier la chambre de son père adoptif, et se retira dans la sienne pour se livrer à sa douleur. L’agitation de son ame le força bientôt d’en sortir. Il s’approcha doucement de la porte de M. Allworthy, où il écouta long-temps sans entendre d’autre bruit qu’un ronflement violent, que son imagination frappée lui fit prendre pour le signe d’une pénible agonie. Alarmé de cette idée funeste, il ne put s’empêcher d’entrer dans la chambre. Il y trouva l’excellent homme plongé dans un doux sommeil ; sa garde, assise au pied du lit, dormoit aussi, et ronfloit de toutes ses forces. Jones se hâta d’imposer silence à cette basse continue, craignant qu’elle ne troublât le repos de M. Allworthy. Il s’assit ensuite à côté de la garde, et y demeura immobile jusqu’au moment où le docteur et Blifil entrèrent ensemble et réveillèrent le malade, le premier pour lui tâter le pouls, le second pour lui faire part d’une nouvelle que Jones, s’il avoit connu son dessein, l’auroit bien forcé de remettre à un autre temps.

Aux premières paroles de l’imprudent Blifil, Jones eut peine à retenir son indignation, surtout lorsqu’il entendit le docteur déclarer, que c’étoit malgré lui qu’on apprenoit au malade un