posa fortement, et toute la faculté, sans doute, eût été de son avis ; mais M. Blifil observa, qu’il avoit reçu de son oncle des ordres si formels et si réitérés de ne lui rien cacher, dans la crainte de ce qui en pourroit arriver, qu’il ne se détermineroit, par aucun motif, à y désobéir ; que d’ailleurs, le courage et la piété bien connus de M. Allworthy, l’empêchoient de partager les appréhensions du docteur. Il déclara, en conséquence, qu’il étoit décidé à lui communiquer sur-le-champ la fatale nouvelle, attendu que si le ciel accordoit à ses ferventes prières le rétablissement de son oncle, il ne lui pardonneroit jamais de ne pas l’avoir instruit sur-le-champ d’un événement de cette nature.
Le médecin fut forcé de se soumettre à ces raisons, qu’approuvèrent les deux savants personnages. Il entra, suivi de Blifil, dans la chambre de M. Allworthy. À peine lui eut-il tâté le pouls, qu’il trouva une amélioration sensible dans son état. Il dit que le dernier remède avoit produit un merveilleux effet, et rendu la fièvre intermittente, en sorte que la situation du malade étoit maintenant aussi rassurante, qu’elle paroissoit auparavant désespérée.
À dire vrai, le danger n’avoit jamais été aussi grand que le docteur s’étoit plu à le représenter ; mais comme un prudent général ne dédaigne