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son injustice. Elle provient des étroits principes que vous avez travaillé sans relâche à lui inculquer, au mépris de tout sentiment noble et généreux. Les divins attraits de l’amitié ne sont point faits pour une vue foible et grossière comme la vôtre. Ils ne peuvent être aperçus qu’à l’aide de cette règle infaillible de la justice, que vous n’avez cessé de tourner en dérision, jusqu’à ce que vous soyez enfin parvenu à pervertir le jugement de votre ami.

— Je souhaiterois pour le salut de son ame, répartit Thwackum en furie, que votre damnable doctrine n’eût point perverti sa foi. C’est à vos principes qu’il faut attribuer sa conduite anti-chrétienne. Quel autre qu’un athée pourroit se résoudre à quitter ce monde, sans avoir mis ordre à sa conscience, sans avoir confessé ses péchés, sans en avoir reçu l’absolution ? et pourtant il n’ignoroit pas qu’il y avoit quelqu’un, dans sa maison, qui étoit dûment autorisé à la lui donner. Il reconnoîtra, mais trop tard, sa fatale erreur, lorsqu’il arrivera dans ce séjour de ténèbres, où il y a des pleurs et des grincements de dents. Alors il verra le triste sort que réserve à ses sectateurs cette divinité païenne, cette stérile vertu que vous adorez, vous, et tous les déistes du monde ; alors il appellera un prêtre à grands cris, et il gémira de n’en point trouver, et de n’avoir pas