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là où il va. — Je vous renvoie à mon testament. Mes domestiques y trouveront un motif de se souvenir de moi. Ce sont ses propres paroles. Je ne les oublierai jamais, quand je vivrois mille ans. Oui, oui, je me souviendrai toujours de vous, pour m’avoir confondue avec vos domestiques. Je pouvois me flatter, je pense, sans trop de vanité, qu’il feroit une mention particulière de moi, aussi bien que de Square ; mais ce Square est un monsieur, oui vraiment, quoiqu’il n’eût pas d’habit sur le dos la première fois qu’il vint ici. Le beau monsieur, par ma foi ! Depuis nombre d’années qu’il vit dans la maison, je ne crois pas qu’un seul domestique ait vu la couleur de son argent. Au diable de tels messieurs ! » Mistress Wilkins ne borna point là ses murmures ; mais nous pensons que cet échantillon suffira au lecteur.

Thwackum et Square s’exprimoient avec moins d’aigreur, sans paroître plus satisfaits. À en juger par la tristesse de leurs physionomies, aussi bien que par le dialogue suivant, ils s’applaudissoient médiocrement de la libéralité du testateur.

Environ une heure après qu’on fut sorti de la chambre du malade, Square rencontra Thwackum au salon. « Eh bien ! monsieur, lui dit-il, avez-vous eu des nouvelles de votre ami, depuis que nous l’avons quitté ?