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tre que le permet l’humaine nature, entendit cet arrêt avec calme et résignation. Il pouvoit dire tous les soirs en se couchant, comme le Caton de la tragédie[1],

Que le crime ou l’effroi trouble la paix de l’homme,
Étranger à tous deux, tranquille sur son sort,
Caton voit du même œil le sommeil et la mort.

Et certes, il pouvoit le dire avec plus de raison que Caton lui-même, ou tout autre personnage aussi vain des temps anciens et modernes. Sa conscience étoit pure, son ame, inaccessible à la crainte. Il étoit semblable au moissonneur laborieux et fidèle qui, à la fin de la moisson, s’en va recevoir son salaire des mains d’un bon maître.

L’excellent homme voulut rassembler autour de lui toutes les personnes de sa maison. Il ne manquoit à cette réunion que mistress Blifil, partie depuis peu pour Londres, et M. Jones, que nous avons laissé chez l’écuyer Western, où on alla le chercher, un instant après qu’il eut quitté Sophie.

La nouvelle du danger de M. Allworthy, que le domestique exagéra encore, bannit de son esprit

  1. Let guilt or fear
    Disturb man’s rest, Cato knows neither of them,
    Indifferent in his choice to sleep, or die
    . Addison.