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château ; et puissé-je avoir la force de me soutenir jusque-là ! »

Jones qui lui-même ne se soutenoit qu’avec peine, lui offrit son bras. Elle l’accepta, à condition qu’il n’ajouteroit pas un mot sur ce sujet. Il le promit, insistant seulement pour obtenir le pardon de l’aveu involontaire que la passion lui avoit arraché. Sophie lui répondit, que le pardon dépendroit de sa conduite future. Ce pacte fait, tous deux, d’un pas incertain et tremblant, s’acheminèrent vers le château, sans que l’amant osât une seule fois serrer la main de sa maîtresse, qu’il tenoit dans la sienne.

Sophie se retira dans sa chambre. Les soins d’Honora et le secours des eaux spiritueuses parvinrent à calmer le trouble de ses sens. Quant à Jones, il reçut pour tout soulagement à ses maux une nouvelle si douloureuse, que nous croyons devoir en remettre le récit au chapitre suivant, pour ne pas confondre deux scènes d’une nature trop différente.