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de Jones, quand la couverture se détacha : de sorte qu’en appliquant sur cette comique figure l’idée d’un philosophe, il eût été impossible au spectateur le plus phlegmatique, de ne pas éclater de rire.

Nous ne doutons point que la surprise du lecteur n’égale celle de Jones. Que penser de la présence de Square en pareil lieu, et comment concilier les soupçons qu’elle doit faire naître, avec l’opinion qu’on a, sans doute, conçue jusqu’ici de ce grave personnage ?

Avouons-le toutefois, cette contradiction est moins réelle qu’imaginaire. Les philosophes sont pétris du même limon que les autres créatures humaines. Quelque épurées, quelque admirables que soient leurs théories, un peu de fragilité, dans la pratique, leur est commun avec le reste des mortels. C’est en effet la théorie seule, et non la pratique qui les en distingue. Si ces êtres sublimes pensent beaucoup mieux que les autres hommes, ils agissent toujours de la même manière. Ils connoissent très-bien le secret de dompter les passions, de réprimer les appétits déréglés des sens, de vaincre la douleur et la volupté. Cette science, facile à acquérir, est pour eux une source d’ingénieuses méditations : mais la pratique en seroit pénible et importune ; aussi la même philosophie qui leur révèle ces grands principes de la morale,