ler d’excuse ? il étoit incapable d’enfoncer le poignard dans le sein d’une créature humaine dont il se croyoit aimé, et qui lui avoit fait le sacrifice de son innocence. Le noble cœur de Jones plaidoit la cause de Molly, non avec la froide éloquence d’un orateur vénal, mais avec le zèle d’un défenseur intéressé lui-même au triomphe de son client.
Quand cet habile avocat eut suffisamment excité sa pitié, en lui peignant l’affreuse destinée de Molly, il emprunta le secours d’un plus puissant auxiliaire. Il lui montra cette jeune fille parée des charmes de la fraîcheur et de la beauté, digne objet d’amour par ses attraits, et beaucoup plus encore, du moins pour une ame sensible, par son infortune.
Jones, au milieu de cette fluctuation de sentiments contraires, passa la nuit dans une pénible insomnie, et le lendemain il s’arrêta à la résolution généreuse de demeurer fidèle à Molly, et d’oublier, s’il le pouvoit, Sophie. Il y persévéra le jour suivant jusqu’au soir, caressant en idée l’image de la première, et repoussant celle de l’autre ; mais un incident de peu d’importance qui survint dans la soirée, renouvela ses perplexités, et changea entièrement la disposition de son ame.