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gligée : parler des contrastes répandus dans tous les ouvrages de la création, et qui entrent pour beaucoup dans nos idées de beauté, soit naturelle, soit artificielle. N’est-ce pas, en effet, la difformité d’un objet, qui rehausse la beauté de l’objet contraire ? Ainsi l’obscurité de la nuit, l’âpreté de l’hiver, rendent plus sensibles l’éclat du jour et la douceur du printemps ; sans les ténèbres, on n’auroit qu’une idée très-imparfaite de la lumière.

Mais pour prendre un ton moins sérieux, qui doute que la plus jolie femme ne perdît une partie de ses charmes, aux yeux d’un homme qui n’en auroit jamais vu de laides ? Les petites maîtresses sentent si bien cette vérité, qu’elles sont très-ingénieuses à imaginer des contrastes. Elles s’en servent quelquefois à elles-mêmes ; nous avons remarqué qu’à Bath, elles affectent de paroître le matin aussi négligées que possible, afin de donner plus de lustre aux attraits qu’elles se proposent de faire briller le soir.

La plupart des artistes mettent cette méthode en pratique, sans en avoir peut-être approfondi la théorie. Le joaillier n’ignore pas que le plus beau diamant a besoin du contraste d’une pierre moins fine, et le peintre obtient souvent des succès par la seule opposition de ses figures.

Un grand génie dont s’honore l’Angleterre a