Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 1.djvu/306

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quand je vous donnai votre congé. Vous pouvez rester avec moi, si vous le souhaitez.

— Assurément, je n’ai nulle envie de quitter mademoiselle. J’ai failli perdre les yeux, à force de pleurer, lorsqu’elle m’a donné mon congé. Il y auroit bien de l’ingratitude de ma part, à vouloir quitter mademoiselle. Où retrouverois-je jamais une si bonne place ? Tout mon désir est de vivre et de mourir au service de mademoiselle ; car, comme disoit M. Jones : Heureux celui… »

La cloche du dîner interrompit cet entretien, qui causa tant d’émotion à Sophie, qu’elle eut peut-être à la saignée du matin, plus d’obligation qu’elle ne l’avoit prévu. Pour nous conformer au précepte d’Horace de ne point tenter l’impossible, nous n’entreprendrons pas de décrire l’état de son cœur. Il sera facile à la plupart de nos lecteurs de se le représenter ; et ceux qui en seroient incapables, ne comprendroient rien à la peinture que nous pourrions leur en faire, ou la jugeroient d’autant moins vraie, qu’elle seroit plus fidèle.