agréables à Sophie ; il est à croire qu’elle ne souffrit si long-temps le bavardage d’Honora, que faute de pouvoir mettre plus tôt un frein à sa langue : ce qui n’étoit pas, comme on sait, chose facile. À la fin pourtant, elle vint à bout d’arrêter ce torrent de paroles. « Honora, dit-elle, je m’étonne que vous osiez traiter de la sorte un ami de mon père. Ceux qui n’ont à lui reprocher que sa naissance, feroient mieux de se taire, et je vous invite à leur en donner l’exemple. Pour ce qui est de la fille en question, je vous défends de jamais prononcer son nom devant moi.
— Je suis désolée, reprit Honora, d’avoir offensé mademoiselle. Assurément je hais, autant que mademoiselle, Molly Seagrim. Quant à mal parler de M. Jones, tous les domestiques de la maison peuvent attester que j’ai toujours pris son parti, lorsqu’il étoit question de bâtards. Qui de vous, leur disois-je, ne voudroit être gentilhomme au même prix ? Oui vraiment, ajoutois-je, il est gentilhomme, et des mieux faits encore. Il a les mains les plus blanches, le meilleur cœur, et le caractère le plus aimable du monde. Aussi, chacun raffole de lui dans le canton… Tenez, mademoiselle, si je ne craignois de vous déplaire, je vous dirois quelque chose…
— Que me diriez-vous, Honora ?
— Oh ! mademoiselle, il n’avoit sûrement pas