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prouvoit plus pour M. Jones qu’une profonde indifférence.

Les maladies de l’ame ont tant d’analogie avec celles du corps, que nous avons cru ne pouvoir mieux nous faire comprendre, qu’en empruntant à la médecine quelques-uns des termes qui lui sont propres. Nous espérons que la docte faculté, pour laquelle nous professons un juste respect, nous pardonnera ce petit larcin.

La tendance aux rechutes est un des caractères les plus frappants de cette analogie ; elle se montre, surtout, dans les maladies chroniques de l’ambition et de l’avarice. Nous avons vu des ambitieux, dégoûtés de la cour par de nombreuses disgraces, seul remède à la passion qui les dévore, rentrer avec ardeur dans la carrière de l’intrigue, pour obtenir la place de chef du grand jury, aux assises. Nous avons ouï parler d’un homme assez bien guéri de son avarice, pour distribuer aux pauvres, en un jour, quelques pièces de menue monnaie, qui, sur son lit de mort, se dédommagea d’une charité si onéreuse, en réglant au rabais les frais de son enterrement avec l’entrepreneur des convois funèbres, qui avoit épousé sa fille unique.

L’amour, que nous traiterons ici de maladie, contre l’opinion des philosophes stoïciens, offre mille exemples de ces fâcheuses rechutes. Dès