Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 1.djvu/267

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Vous devriez, ma mère, s’écria Molly, vous montrer plus indulgente. Ma sœur, que voici, n’est-elle pas venue au monde huit jours après votre mariage ?

— Oui, malheureuse, répondit la mère en furie, c’est vrai ; et qu’importe ! ma faute étoit alors réparée par le mariage. Si la vôtre pouvoit l’être de même, je ne me fâcherois point ; mais vous avez affaire à un beau monsieur ; allez, votre honneur est perdu, oui, perdu sans retour, et je défie qui que ce soit d’en dire autant du mien. »

Ce fut au milieu de cette altercation, que Black Georges trouva sa famille. Comme sa femme et ses trois filles parloient, ou plutôt crioient toutes à la fois, il eut de la peine à se faire entendre. Dès qu’il put y réussir, il les instruisit du message dont Sophie l’avoit chargé.

La Seagrim s’emporta de nouveau contre sa fille. « Vous nous mettez là dans un bel embarras, s’écria-t-elle ; que dira mademoiselle Sophie de l’état où vous êtes ? Ô ciel ! faut-il que j’aie vécu jusqu’à ce jour pour être témoin d’une telle infamie !

— Eh ! quelle est donc, mon père, demanda Molly, cette excellente place que vous m’avez procurée ? (car Georges avoit mal compris, ou mal rendu les paroles de Sophie.) On me destine, je suppose, à la cuisine ; mais je ne laverai les as-